le coiffeur... à Shanghai

S'il y a une chose complexe à gérer pour nous les femmes, ce sont les scéances chez le coiffeur. Les hommes n'ont aucune idée de la panique qui nous étreint à chaque fois qu'il faut se faire couper les cheveux.

Et plus encore lorsqu'on change de ville, ou de pays.. et qu'on ne maitrise pas la langue...

J'ai des souvenirs terribles aux Etats Unis, mais à l'époque, j'avais le poil sympa, épais et surtout: de la bonne couleur. Pas un cheveu gris ou pire blanc, tout était au poil! sans jeu de mots!

J'ai eu un coiffeur en Californie dont je ne me souviens pas, donc ça devait se passer bien. A Houston j'avais trouvé une jeune femme sympa qui coupait bien, et comme je jouais au tennis tous les jours, et que l'humidité ambiante faisait tout boucler, je n'avais pas de problème. 

Mon départ à Dallas fut rigolo car ma jeune coiffeuse s'y est installée en même temps que moi, et j'ai eu plaisir à l'y retrouver. Là j'ai commencé quelque couleur pour etre hyp!

15 mois plus tard je repars à Houston, et cherche à nouveau quelqu'un à qui confier ma touffe de poils, mais sans grande panique: avec 2 bébés de 5 mois, je n'ai pas trop le temps de me faire beeeelllle tous les jours. 

Je me souviens avoir trouvé un endroit où l'on m'a coupé les cheveux bien courts et j'aimais bien. Beaucoup même.

Et puis retour en France, où l'on trouve autant de coiffeurs que de banques ou de société de pompes funebres.. j'ai tout de même attendu 6 mois avant de me lancer... coupe, brushing, et puis j'ai dû me résoudre à colorer les cheveux gris qui s'installaient avec enthousiasme. J'ai essayé plusieurs coiffeurs, selon l'état de nos finances, (ceinture les 3 premieres années) et puis un peu de générosité capillaire en fin de séjour.

Bon, dès que j'ai eu trouvé ma vitesse de croisière, il nous a fallu partir pour le pays des Teutons... Ca c'est un peu corsé pour des raisons de langue: comment dit on effiler? raccourcir? Ein bischen? nicht zu viel... j'avais tellement peur que j'ai attendu 9 mois... et puis j'ai trouvé un tout petit salon, où la patronne unique coiffeuse s'occupait bien de moi, et faisait une couleur correcte. jusqu'au jour où les prix se sont envolés, et la couleur devenue un peu trop blonde à mon gout. J'ai trouvé un autre salon, un peu plus loin, mais qui me convenait. Et j'y suis restée presque 2 ans, jusqu'à notre départ en Chine.

Juste avant de partir je me suis fait ratiboiser, puis colorier, et j'ai calculé que j'avais 7 semaines avant que la situation ne deviennne catastrophique.

je me suis lancée dès Septembre chez Frank Provost, et ai demandé les services d'un styliste.

Le système n'est pas prolétaire du tout: vous avez le droit à 3 types de traitement:

Un styliste bas de gamme, moyen de gamme ou chef styliste qui va vous couter un bras et une jambe.

Me méfiant du bas de gamme, j'ai choisi milieu. Donc Raymond, un jeune chinois hyp, qui cherche avec moi la couleur qu'il me faut, et nous décidons de raccourcir, 2 cms.

Au bout de 3 heures et demie, je quitte le salon, plus un poil gris, et les cheveux de 3 cms plus courts. j'ai l'air un peu potiche, mais si je secoue ma tête comme un chien mouillé, ça ira.

Je reprends rendez vous. et la fois suivante, je décide d'acheter une carte "de fidélité" qui vous garantie -10 % sur la coupe et les soins.. Je suis encore entre les mains de Raymond, qui parle un peu anglais, donc je me sens comprise. La facture est un peu salée, mais comme c'est sur ma carte de fidélité (j'ai payé d'avance) je le sens moins.

La troisième fois, Raymond a quitté le salon, on me l'apprend l'avant veille, et on me propose les services de Michael, un Français, qui lui, est top styliste, mais on me dit qu'il me facturera le meme prix que le moyen de game. 

Du coup on fait juste les racines, et on ne coupe rien.. Il s'est fait opérer des dents de sagesse, et porte un masque hygiénique, je ne trouve pas ça très appétissant, je ne tiens pas à rester des heures, et plus j'y gagne du temps et de l'argent! Mais je reprends rendez vous Il m'a donné un coupon de réduction de 25% sur la coupe.

Cette fois ci, je suis entre les mains et les ciseaux du chef styliste. Je reconnais qu'il sait ce qu'il fait, mais je lui reproche une chose: je paye un service 5 etoiles, (en Chine les coiffeurs sont chers, bien plus qu'en France) mais je n'ai pas un service 5 etoiles:

Michael est un homme très occupé, et il a peur de perdre sa clientèle, alors du salon où il voit passer des taïtaï (femmes d'expatriés) il s'ejecte de son tabouret pour remettre aux blondinettes sa carte de visite, ses coupons de réduction et gagner des clientes. Il parle francais, anglais et un peu chinois, il plaisante, et joue fort bien de son coté "je suis le meilleur et je le vaut bien..."

Sauf que moi, ça m'agace un peu, couleur et mèches prennent presque 2 heures, et je n'en suis pas ravie, les mèches ne sont pas de la couleur que je souhaitais, Michael le voit, et me dit qu'il va me faire un prix. Me propose de revenir dans 48h ... Je refuse le soin pour les racines.. histoire de limiter la casse (de la tirelire)

La coupe est bonne mais prend elle aussi un temps incroyable, le café est servi dans des verres en carton, la zone shampoing n'est pas très propre, le plafond est même dégueu, et on se dit qu'un peu moins de déco hyp et d'avantage de propreté ne serait pas de trop, surtout avec la franchise F Provost que l'on paye..

Au moment de payer d'ailleurs, malgré les efforts largement marqués de Michael, je réalise que j'ai dépensé 200 euros, et perdu plus de 3 heures... 

Je reprends rendez vous, sans etre bien sure de revenir...

Mon cher et tendre me fait remarquer que LUI va chez un coiffeur du coin, que ça lui prend 15 minutes et ne lui coute rien ou presque, il me dit même qu'il  y a des tas d'expatriés qui y vont et que tout le monde parle anglais... bon... ok.. après tout pourquoi pas?

Brave comme tout, il y a deux semaines, la visite chez Michael s'approchait et je ne tenais pas à en revenir ruinée, je demande donc à notre chauffeur de me déposer où chef de bande va se faire raser...

Il pleut, il fait gris et froid, et j'entre dans le salon qui à première vue parait fermé. 

3 Chinois se jettent sur moi. Je demande s'ils parlent anglais... Noppe! pas un mot! ça commence mal...

j'appelle Steven (le chauffeur) à la rescousse; et je lui demande de m'aider à traduire. je décide de faire faire les racines; et pi c'est tout!

le choix de la couleur est assez rapide, vu le peu de choix disponible, quant à trouver des produits sans amoniaque.. c'est mal barré.

Cout de la couleur: 500 rmb, c'est à dire 60 euros... Voilà qui est très raisonnable, mais comment vais je sortir de là.  Je décide vaillament de m'assoir et de laisser faire les spécialistes. 

On me met prend mon manteau, me met une blouse autour de la taille, une autre autour du cou, un morceau de serviette pour ne pas tacher mon pull. Je vois mes 3 chinois s'activer autour des couleurs, manifestement ils n'ont pas tous les produits. Et là tu paniques, car un chinois ne te dira JAMAIS désolé je n'ai pas votre couleur; il va trouver UN moyen de la faire, avec ce dont il dispose..

Je préfère ne pas voir ça, je contemple mon environnement: la raison pour laquelle je croyais que le salon etait fermé est parce qu'il est noir et marron, et que 50% des lampes fonctionnent. Il y a 3 miserables plantes vertes, et PAS UN SEUL ETRANGER... j'y suis seule... avec une grand mère qui arrive en trainant la savate et attend. Bien sur elle me fixe, et s'apprête à cracher par terre à grand renfort de reniflements élégants...

Je panique un peu, et j'ai froid..; pas de chauffage! je me branche sur what's app avec une amie, pour qu'elle me tienne la main virtuellement. Elle est très forte à ce sport. Elle restera avec moi pendant presque 2 heures...

On me propose un café ou un thé, je choisis le second, cela me semble plus sûr, je me rendrai compte en partant qu'ils ont en fait une super machine à espresso. Mon thé arrive: 5 fleurs de paquerettes flottent dans une tasse d'eau chaude; il y a un couvercle pour rester chaud, et vue la température ambiante de 15°, cela me convient tout à fait bien.

La couleur est appliquée et on me met sur la tête un sac en plastique. j'ai de la couleur sur le front et les oreilles, (pas d'huile pour éviter le masque final) mais on me dit (en tout cas c'est ce que je comprends) qu'on s'en occupera après.

et j'attends... Pas de magazine, juste mon jus de paquerettes à siroter. Plusieurs fois on vient vérifier que "la couleur prenne".. pourvu que oui, pourvu que oui...

Enfin le rinçage: je file au lavabo, on m'allonge presque sur un lit, pattes en l'air, et j'attends que l'eau soit à la bonne temperature: comme chez nous il faut bien 5 minutes... Rinçage à la vitesse du vent, shampoing soigneux, pas de soin pour les racines, hop hop hop, pas de massage du cuir chevelu, on rince, on essore, et une bonne bourrade sur les deux epaules pour te sortir de là. On m'invite à m'assoir face à une grande glace. Je suis en jupe, et le gars assis à ma gauche est très interessé. je décide de croiser mes jambes!! non mais! et en plus je n'ai pas à me faire couper les cheveux!

Ma jeune chinoise sort un produit et un bout de tissu, elle décape les taches sur le front et les oreilles... vue l'odeur du produit, j'en déduis que le colorant est sacrément toxique...

Reste le brushing, ma tuffa est épaisse, la couleur a l'air bien toxique mais bien. (tuffa c'est cheveux en Chinois)

en 15 minutes, je suis ébrouée, torchée, séchée et j'ai meme eu la petite touche de gel pour faire hyp! 

je ne suis pas mécontente, mais ce n'était pas le nirvana non plus. Je sors avec une tête normale. Mon chauffeur est très content, chef de bande aussi, vues les économies réalisées. 

2 jours plus tard, la couleur commence à passer et le gris réapparait.. Va falloir trouver une autre solution... Mais j'ai plus d'un coiffeur dans mon sac!!

Comments

[Ariana Lamento]

oh la la ma pauvre!!! Moi j'ai cru m'évanouir quand mon coiffeur d'ici m'a dit qu'il déménageait en Israël. J'ai fait faire ma couleur par un autre, il m'a coupé presque 5 cm! Mais mon coiffeur (un français de Sarcelle) est REVENU!! Et j'y vais vendredi, yeah!!! Courage!

[Monique]

Il faut une sacrée dose d'optimisme (ou d'inconscience) pour confier sa tignasse à ces chinois!!! Mais tu n'es pas à un défi près et c'est tellement jubilatoire de lire tes aventures! J'attends la suite avec impatience...