Berlin saison III

Notre troisième visite à cette ville, cette fois ci encore pour un opéra: Tristan de Wagner. Nous avons pris le temps de vivre: arrivés tard vendredi soir, un diner rapide à l'hotel, et puis hop, tout le monde au lit!!

Petit déjeuner tranquilement, puis saut dans la piscine, histoire de jouer un peu avec les filles, de changer de rythme.

Après avoir longuement discuté notre emploi du temps, nous n'avions plus beaucoup de temps devant nous; le concert débutait à 17 h, il était déjà midi, et les filles tenaient absolument à faire un peu de lèche vitrine....

Chef de bande nous emmène donc dans un grand magasin du style "printemps" où l'on trouve beaucoup de choix, mais surtout dans des tarifs à mes yeux prohibitifs. Ayant des filles particulièrement difficiles, il est évident que chef de bande en a très très vite eu ras les moustaches et nous a fait une scène suffisamment désagréable pour que je n'ai plus qu'une envie: le nourrir et rentrer lire tranquillement tout en attendant l'heure de nous préparer.

Les filles ont finalement trouvé une partie de leur bonheur à des prix raisonnables, et nous sommes allés dans un de ces merveilleux café prendre un verre et un beau et gros gâteau, comme seuls les Allemands savent faire.

On se prépare ensuite et nous voilà partis pour Tristan, 4.30 de musique, deux entractes, et l'histoire de Tristan en place dans nos têtes.

1er acte: je suis un peu déçue par Isolde, dont la voix est un peu juste, j'ai du mal à rentrer dans le décor, le philtre d'amour est un shoot à la seringue, une jeune femme entièrement nue traverse tranquillement la scène...

Je suis assez perplexe à la fin du premier acte, je partage mon sentiment de grande solitude avec mon entourage, nous allons prendre un verre et faire un petit tour aux toilettes. De retour à ma place, j'interroge mes voisins, un couple assez âgé. Le monsieur m'annonce qu'il est marié depuis 47 ans et qu'en effet cette version est un peu curieuse. Oui, lui aussi est un peu déçu par la voix de notre amie Isolde.

D'autres spectateurs assis derrière nous nous annoncent qu'ils sont venus exprès de Stockholm pour écouter Tristan, la dame, à peine pus âgée que nous est aussi un peu "tipped off"".

Deuxième acte: Cette fois ci il y a un bonhomme tout nu, avec pour tout vêtement une pelle dont il utilise le manche pour cacher son anatomie. Les filles hésitent entre le fou rire nerveux et la grimace.

Puis le dit bonhomme qui regarde le gros trou devant lui, descend dans le trou et continue de creuser... sa tombe, la notre, celle de chaque homme? Par moments la femme réapparait, ok, ça y est, j'ai compris, ces deux personnages, ce sont Adam et Eve, ou bien l'humain, dans toute sa simplicité et sa lucidité..

La mise en scène, (comme celle de Don Juan cet automne) et très riche en symboles, et il y a un boulot dingue à les retrouver, les décortiquer, d'autant que le livret allemand, est sous-titré en allemand, et qu'il est écrit en Allemand du moyen Age.... C'est donc assez compliqué. Je n'ai toujours pas compris la grosse lampe de poche qui se déplace sur scène, la petite fille voilée, une valise à la main, qui traverse la scène...

Ceci étant, notre amie Isolde a dû enfin avaler son petit verre de blanc car sa voix même si elle est encore un peu limite est un peu plus agréable à entendre.

Fin du deuxième acte, chef de bande, les enfants et moi commençons à "mordre à l'hameçon" du metteur en scène.Je pense que la qualité de l'orchestre y est pour quelque chose.

Troisième acte: le super cocotier. C'est trop beau comme diraient les enfants, et puis cette fois un certain nombre de symboles sont plus clairs, et puis c'est vrai quoi, il n'y a pas plus belle histoire d'amour que celle ci, d'autant que la mise en scène nous présente cette fois ci un Tristan âgé et une Isolde elle aussi ayant vécu. Alors on se sent vraiment en symbiose avec les personnages. Heureusement que j'ai pris mes mouchoirs car je suis plus qu'émue. Entre la beauté de cette musique qui vous prend aux tripes, et la situation d'un romantisme absolu, je suis à deux doigts de sangloter. Mélanie à côté me chuchote "tout va bien maman, tu sais ce n'est qu'une histoire!"

Le vieux monsieur à côté lutte lui aussi, l'émotion est palpable... je suis sortie de là les yeux rougis, mais je n'étais pas la seule.

Le public a apprécié, rappel de la troupe plusieurs fois, alors que d'habitude tout le monde se sauve pour aller chercher son manteau, sa voiture, et manger sa soupe...Ce soir là pas mal de spectateurs sont restés pour crier leur enthousiasme. Bravi et bravo...à la grande surprise de Mathilde.

Difficile ensuite d'en parler sans avoir la voix qui se casse, ou les larmes aux yeux. Outre le fait qu'on est jamais décus lorsque nous allons à l'opéra de Berlin, chaque discussion qui suit l'évènement est riche. Cette fois ci nous avons pu aborder la mort et l'amour avec les enfants. "pourquoi tous les sujets d'opéras sont toujours la mort ou l'amour ? qu'il soit romantique , tragique, heureux ou bien souvent malheureux.

Comment aborder avec des enfants de 12 ans le coté "inéluctable" de la vie? Et bien nous l'avons fait, en douceur, en comprenant avec elles qu'à leur âge il est normal de ne pas envisager la vie sous cet angle, mais c'était une conversation d'autant plus intéressante qu'à 11h le soir, elles étaient tout de même un peu cassées.

"Pourquoi une version d'un opéra peut être complètement différente selon les époques?"  Là j'ai utilisé l'exemple de "Alice au pays des merveilles", et de toutes les versions filmées qu'elles en ont vu. A ce moment là elles ont saisi un peu de ce que c'est que de raconter l'histoire, en fonction de son époque, de son vécu, de ce qui nous touche au moment où on en parle...

De retour à l'hôtel, après avoir couché les filles , nous sommes allés prendre un verre au bar, où j'ai pu ensuite aborder avec chef de bande le coté inéluctable de "comment rater 3 h de shopping si on ne s'y prépare pas correctement...." et faire passer le message. Nos filles ont la patience d'écouter 5 h d'une musique tout à fait particulière... et tu n'as pas la patience de résister à plus de 30 mn de shopping??? Où est l'adulte?????

Dimanche, lever tard, petit déjeuner, tour à la piscine, et nous sommes rentrés vers Francfort.

Nous y retournons en Mai (Madame Butterfly)  et cette fois, pas de shopping, mais je veux aller visiter le musée de la RDA J''ai été un peu frustrée ce weekend de ne pas avoir fait mon petit tour culturel de Berlin, alors il faudra se rattraper!!

Ah Madame Butterfly... je vais en mouiller des mouchoirs tiens!!!

Comments

[Pascale]

C'est bien vrai ça, les zommes, les vrais, ils pleurent quant il le faut: lumière trop vive, moucheron dans l'œil , menu indien trop épicé!!
Merci de ton témoignage, je me sens moins seule...

[Pascale]

Encore un conseil! prépare le psychologiquement avant!! et éventuellement choisis un magasin avec un bon café adjacent où il pourra s'assoir et lire son journal pendant que tu shoperas!
Quant à Berlin, quand tu es prête, je serai ravie de de donner des tuyaux!

[Pascale]

Un conseil avant d'aborder Wagner: choisis par exemple des "morceaux choisis" et là tu te laisses mener par la musique, ou bien un opéra relativement court (Lohengrin, Parcifal, l'or du Rhin) et suis l'opéra avec le livret traduit en français. Sans le livret tu vas te barber, et louper 85% du sens de l'œuvre. Wagner est à mon avis un compositeur dont l'œuvre ne peut nous toucher que lorsqu'on arrive en haut de la colline...

[Pascale]

Que j'aimerai être petite mouche pour écouter mes filles en parler avec leurs copines:"Ouais, mes parents, y font ch.. avec leur musique de ouf..."
Bon hier elles ont téléchargé 59 chansons pop sur leurs I pod... l'équilibre est respecté!

[christellemars]

Cette année, nous emmenons nos 2 grands à Londres. J'espère que l'homme saura se tenir, sa fille ( et sa femme ! ) veulent faire un peu les magasins.
L'an prochain, il veut aller à Berlin: je te demanderai des conseils quand je préparerai le voyage :)